A l’issue du premier trimestre, le MPCC a constaté six cas de dopage ou fraude révélés dans le cyclisme et reste vigilant quant à la situation globale de la lutte contre la triche, tous sports confondus.
Année olympique oblige, les sportifs de haut niveau sont placés sous le feu des projecteurs. Par leurs fédérations nationales et comités olympiques, qu’ils représentent, les partenaires, qui les soutiennent depuis plusieurs années pour certains d’entre eux, et les supporters, impatients de les voir à l’œuvre pour plusieurs semaines de fête, de compétition intense mais aussi de représentation des valeurs de l’olympisme : l’amitié, le respect et l’excellence. Dans ce contexte, la vigilance doit être redoublée pour que la probité des performances reste respectée.
Depuis plusieurs mois, l’Agence mondiale antidopage (AMA), l’Athletics Integrity Unit (AIU) et l’International Testing Agency (ITA) ont multiplié les initiatives pour maintenir une certaine exigence dans la lutte antidopage. A titre d’exemple, plusieurs agences nationales ont été déclarées non-conformes au Code mondial antidopage (Tunisie, Venezuela, Nigeria entre autres) et le laboratoire en charge d’une partie des contrôles en Afrique du Sud a été suspendu provisoirement. Mais ce travail de veille constant ne suffit pas toujours.
Au début de l’année, un scandale retentissant a mis un coup sérieux à la lutte contre la triche, celui visant l’agence nationale espagnole (CELAD). Les révélations faites par la presse ont évoqué des AUT rétroactives, un traitement médical par intraveineuse (méthode interdite par l’AMA depuis 2005) ou encore des vices de procédure permettant à certains sportifs de ne pas être sanctionnés. Cette affaire confirme ainsi que la lutte antidopage est un combat de tous les instants pour la crédibilité du sport.
Recrudescence de cas en Inde
Au 31 mars, l’athlétisme et les sports de force figuraient toujours en haut du « palmarès » des Chiffres de la Crédibilité avec 39 cas de dopage et/ou fraude révélés au premier trimestre pour les spécialistes du tartan, 40 pour l’haltérophilie et 27 pour la force athlétique. Les chiffres de l’haltérophilie sont à relativiser puisque 16 cas ont été rendus publics suite à des analyses de données du LIMS (Système de gestion de l’information du laboratoire) de Moscou.
Sur le plan national, l’explosion du nombre d’affaires de dopage en Inde est particulièrement préoccupante (49) et peut partiellement être expliquée par une vague de contrôles effectués lors des Jeux Nationaux qui se sont déroulés en octobre et novembre dernier. La France (10 cas) a, quant à elle, été secouée par la révélation du contrôle positif de l’une de ses chefs de file en escrime, Ysaora Thibus, et la suspension de la multiple championne de France au javelot, Alexie Alaïs.
Deux ex-coureurs World Tour positifs
Pour sa part, le cyclisme a connu un premier trimestre contrasté avec six cas de dopage et/ou fraude sportive. Deux cas de fraude, assez atypiques, concernent la formation féminine Continental Cynisca Cycling. Le 9 juillet 2023, l’un de ses directeurs sportifs (désormais suspendu jusqu’à fin 2025) a intimé à quatre de ses coureuses de mentir sur la présence de la cinquième participante de l’équipe à l’Argenta Classic (1.1). Une mécanicienne a été envoyée, en lieu et place, pour permettre à son équipe de prendre le départ. Ces fausses informations transmises aux commissaires de course ont ainsi été sanctionnées.
Le MPCC s’interroge surtout sur les deux cas d’Antwan Tolhoek, contrôlé positif à des stéroïdes anabolisants en novembre (annonce le 7 février dernier) alors qu’il s’apprêtait à quitter la formation World Tour Lidl-Trek, et de Franck Bonnamour, dont le passeport biologique présentait des anomalies selon l’UCI (cas requalifié en « usage de méthodes et/ou substances interdites »). Ce dernier appartenait, au moment de l’annonce de sa suspension provisoire, à l’une des équipes fondatrices de notre mouvement, Décathlon-AG2R La Mondiale. Même si la période incriminée (2016-2022) ne couvre pas celle pendant laquelle Franck Bonnamour était lié avec la formation savoyarde, Décathlon-AG2R La Mondiale a appliqué à la lettre nos règles fondamentales en suspendant rapidement le coureur, finalement licencié le 26 mars dernier.
Ces deux cas visant d’anciens coureurs du World Tour rappellent aux managers d’équipes, au personnel encadrant, aux coureurs d’être particulièrement actifs, de ne pas laisser leurs coureurs ou leurs partenaires d’entraînement livrés à eux-mêmes face au fléau du dopage. C’est en partie pour ces raisons que le MPCC encourage toutes les composantes du cyclisme professionnel à être « actrices de la lutte antidopage ». Nos équipes membres montrent le chemin depuis plusieurs saisons en comptant notamment 15 des 17 équipes de la division « ProTeams ». 8 des 18 formations du World Tour ont également souscrit aux valeurs et aux règles du MPCC, ce qui est une base solide mais encore insuffisante pour l’élite du cyclisme mondial. Nous souhaitons également que d’autres formations de l’échelon Continental (féminines et masculines) s’engagent à nos côtés, pour que la flamme d’un cyclisme crédible reste allumée.