Lors de l’Assemblée Générale du MPCC le 16 octobre dernier, Marc Madiot, manager de l’équipe Groupama-FDJ, et Iwan Spekenbrink, manager de l’équipe Sunweb, ont informé les membres du mouvement de la tenue d’un entretien avec Georg Preidler, ancien coureur de leurs équipes respectives, plus tôt durant l’automne.
Le 4 mars 2019, l’Autrichien, qui était membre du MPCC à titre individuel, avait reconnu son implication dans l’opération Aderlass (qui concerne notamment le ski de fond et cyclisme) et présenté sa démission à l’équipe Groupama-FDJ. Quelques mois plus tard, les informations qu’il a apportées à ses anciens employeurs ont ainsi été communiquées au MPCC qui a adressé, dès le 17 octobre, un courrier à l’UCI.
Des propositions adressées à l’UCI
Le MPCC a particulièrement voulu attirer l’attention de l’UCI sur la nécessité d’augmenter le nombre de tests sanguins, notamment hors compétition. Cette proposition repose sur la crainte qu’il existe, à la lueur des informations révélées, des protocoles de dopage mafieux mis en place en dehors de la structure des équipes.
Mais c’est le cadre de ces prélèvements qui doit, selon le MPCC, être également redéfini. Une demande a été formulée dans le but de réaliser ces tests le plus près possible de l’heure de départ de la course et le plus tôt possible après l’arrivée. Le témoignage de Georg Preidler alerte en ce sens.
Le MPCC recommande également à l’UCI de redoubler de vigilance lors des périodes de vacances des coureurs, ou lors des longues pauses observées au milieu d’une saison.
Dans sa réponse au MPCC, formulée le 5 novembre et signée de son Président David Lappartient, l’UCI rappelle être « connue comme l’organisation antidopage prélevant le plus grand nombre d’échantillons sanguins dans le cadre du passeport biologique » et que la CADF (Cycling Anti-Doping Foundation), entité mandatée par l’UCI, « prélève le maximum d’échantillons dans les limites de son budget, tout en privilégiant les contrôles ciblés. »
Le MPCC est conscient des contraintes qui s’opposent à l’UCI et à la CADF et espère qu’une augmentation du financement de cette dernière – des discussions allant en ce sens « ont déjà eu lieu mais n’ont pour l’heure pas abouti », explique l’UCI – permettrait une augmentation du nombre de contrôles.
Sur l’heure des contrôles, l’UCI répond qu’en 2019, des contrôles « ont été organisés sur certains sites de départ, avec toutes les difficultés que cela comporte ». Le MPCC encourage bien évidemment ces démarches et espère les voir se développer. Les équipes membres du mouvement verront toujours d’un bon œil la mise en place de tels contrôles malgré les contraintes logistiques qu’ils peuvent engendrer.
Quant à la demande du MPCC de prélever des échantillons de sang le plus tôt possible après les arrivées, l’UCI signale que cela est déjà mis en place « dans le respect des règlements applicables, notamment des directives de l’AMA sur le passeport biologique. » Le MPCC espère que l’AMA suit de près le dossier et se tient à la disposition de son nouveau Président Witold Banka, nommé en mai dernier, pour toute demande d’informations.
L’UCI rappelle aussi dans sa réponse au courrier du MPCC que « le règlement antidopage de l’UCI prévoit qu’un athlète peut être soumis à un contrôle à tout moment et en tout lieu » et qu’il « va de soi que la CDAF fait usage depuis longtemps de cette possibilité et contrôle les coureurs pendant les périodes » auxquelles le MPCC fait référence.
Confiant en la conscience de l’UCI sur les sujets de lutte contre le dopage sanguin, le MPCC précise toutefois qu’aucun coureur dont l’implication dans l’opération Aderlass a été avérée n’a fait l’objet de contrôle positif : c’est le travail de la police qui a permis ces regrettables découvertes.
Le MPCC demande, dans la mise en œuvre des contrôles, d’être encore plus percutant
Le témoignage de Georg Preidler, relayé par les propos de ses anciens employeurs Marc Madiot et Iwan Spekenbrink, amène le MPCC à traduire la grande inquiétude qui anime ses membres en la formulation concrète de la demande d’une plus grande agressivité de l’UCI et de la CADF dans la mise en œuvre de ses contrôles. Les équipes, coureurs, personnels encadrants, agents sportifs, fédérations, organisations et sponsors, qui représentent à ce jour plus de 700 membres du MPCC, sont demandeurs de cette agressivité accrue.
Sur la base des témoignages qu’il a recueillis, le MPCC demande également l’ouverture d’une enquête au sujet de l’utilisation présumée d’une « poudre » (Aicar ?) qui serait potentiellement utilisée par certains coureurs ou équipes dans les bidons dans le final des courses. L’UCI tient à signaler que la CADF investigue non seulement sur l’utilisation de l’Aicar mais également sur l’utilisation de toute autre substance qui pourraient s’avérer être répandue au sein du peloton.
Les membres du MPCC sont tourmentés par la question de l’équité sportive sur les plus grandes épreuves cyclistes mondiales auxquelles ils prennent part. Ils souhaiteraient que les tricheurs soient, eux, tourmentés par ce que la lutte antidopage leur réserve. Celle-ci ne pourra cesser d’être toujours plus efficace que si elle se nourrit de tous les faits et informations portés à la connaissance des instances qui la mènent.
Le Président Lappartient salue notre démarche et le MPCC remercie l’UCI d’être à l’écoute de ses recommandations et propositions.
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Le MPCC précise que tous les coureurs et membres du staff des équipes s’inscrivant dans la philosophie du MPCC peuvent adhérer individuellement à notre mouvement. Cliquez ici pour formuler votre demande d’adhésion.
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Le MPCC rappelle qu’il demeure en attente : – De l’AMA pour l’ajout du tramadol sur la liste des produits interdits – De l’AMA pour l’ajout des hormones thyroïdiennes sur la liste des produits interdits – De l’AMA pour la mise en place d’une nouvelle réglementation sur les corticoïdes – De L’UCI pour la mise en place des contrôles de la cortisolémie. Le MPCC mène aussi une réflexion sur l’usage des cétones, sujet très important en 2019.