« Il y a quelques lacunes qui doivent être comblées »

L’AMA a dévoilé son dernier rapport annuel recensant les contrôles réalisés par les différents sports dans le monde. Devons-nous encourager les fédérations à tendre vers une transparence accrue vis-à-vis des contrôles ?

C’est ce dont nous avons besoin en termes de rapports annuels, parce que nous devons obtenir de chacune des fédérations et des agences nationales anti-dopage qu’elles déposent des rapports complets, indiquant l’ensemble du plan de répartition des contrôles, et la manière dont leurs tests ont été effectués, et les résultats. Mais nous ne pouvons publier que ce que nous obtenons, l’intégralité de ce que nous obtenons des laboratoires. Donc, il y a quelques lacunes qui doivent être comblées, et nous espérons que nous allons vers cela, elles seront comblées par une plus grande coopération des organisations antidopage.

Quelles sont les fédérations ou organisations qui restent les plus discrètes à ce sujet ?

Nous ne notons ou ne classons jamais les organisations anti-dopage, je pense que c’est à vous de le faire. Vous pouvez regarder les chiffres et vous faire un avis. Nous préférons travailler avec tout le monde, parce que nous savons que tout le monde a besoin d’aide, et nous savons que tout le monde peut mieux faire, mais parfois ils ne peuvent pas le faire par eux-mêmes. Donc, notre travail consiste à travailler avec les organisations pour augmenter leur qualité.

Quelles sont, au contraire, les fédérations ou organisations qui participent à cette transparence vis-à-vis de la lutte anti-dopage ?

Cela dépend de ce que vous entendez par « transparence », parce que souvent, lorsque certaines fédérations publient la liste des athlètes qu’elles ont testés – et elles sont réticentes à le faire maintenant à cause des lois sur la vie privée et les lois de protection des données – elles ne peuvent pas être aussi transparentes qu’elles voudraient peut-être l’être. Il y a d’autres lois qui prévalent dans certains pays et qui les empêchent même de nommer ceux qui enfreignent les règles, ou elles ne les nomment que d’une manière semi-publique en les publiant sur un site Web, plutôt que d’émettre un communiqué de presse. Donc, il y a des zones où les choses pourraient être plus transparentes, à condition que les gens veuillent bien voir le bénéfice à en tirer, et nous aimerions le promouvoir si nous le pouvons.

 

« Nous essayons d’agir pour changer ces règles »

Quel bénéfice ces fédérations tirent-elles en démontrant une plus grande transparence ?

Je pense que le public exige vraiment une plus grande transparence de nos jours, et n’est pas content quand les choses sont cachées sous le tapis ou ne sont pas divulguées. Ca leur donne l’impression qu’on maintient un couvercle fermé, qu’on leur cache un secret, et les gens n’aiment pas ça. On devrait donc toujours s’assurer, je pense, que la transparence est notre souci numéro un, et nous essayons de donner l’exemple à cet égard. Encore une fois, cependant, nous sommes contraints par des règles et des lois qui parfois ne nous satisfont pas, et nous essayons d’agir pour changer ces règles. Je pense que la transparence est une valeur que le public souhaite vraiment avoir, et souhaite voir dans le sport.

Quelles sont les obligations auxquelles les fédérations doivent se soumettre vis-à-vis de la transparence des contrôles et des résultats ?

En termes de publication, vous verrez qu’il y a un article dans le code qui indique à chacune des organisations antidopage ce qu’elles doivent faire en termes de publication des cas de ceux qui enfreignent les règles, et nous avons des moyens de surveillance pour nous assurer que c’est fait. Cela comprend les périodes de sanction et le reste, et nous avons un droit d’appel. Donc, nous pouvons garder un œil là-dessus. On a également une disposition qui oblige les organisations antidopage à publier chaque année leurs statistiques, à montrer que les tests sont effectués, les résultats, et ainsi de suite. C’est là où nous pourrions apporter quelques améliorations, puisque nous entrons dans la révision du code de l’année prochaine, je pense qu’il y aura des améliorations significatives. Nous avons essayé de montrer la voie par la façon dont nous avons publié les nôtres, parce que vous vous rappelez peut-être qu’il y a trois ou quatre ans, nous ne publiions qu’un rapport de dix pages. Maintenant, il est très détaillé, et nous pensons que ce genre de détails devraient être copiés par d’autres.

Est-ce que l’idée d’un passeport biologique généralisé dans d’autres sports est une piste que vous explorez pour renforcer la lutte anti-dopage ?

C’est ce que nous essayons de faire. Ce n’est pas obligatoire – comme vous le savez – c’est une décision discrétionnaire. Mais nous avons travaillé avec la FIFA, par exemple, et ils ont lancé leur passeport biologique au Brésil. Nous pensons que d’autres nous rejoindront, parce que les avantages du profilage (suivi) sont importants. Il permet non seulement aux athlètes de dire qu’ils sont propres, parce qu’ils ont été profilés (suivis), mais il offre aussi plus d’informations à destination de l’autorité de contrôle pour vérifier si une personne est suspecte. Et, enfin, il pointe aussi quelqu’un qui triche. Donc, il y a des avantages inhérents au passeport, qui, nous le pensons, devrait trouver sa place dans les conseils.