Philippe Raimbaud, quelle est votre histoire avec MPCC ?
L’équipe Sojasun, quand j’en faisais partie, était membre du MPCC. Depuis, j’ai lancé mon activité d’agent sportif et j’ai voulu être membre sympathisant. Mais on a réfléchi ensemble en amont à la façon de le faire, et la création d’une section « agents » offrait un cadre et une opportunité que je ne pouvais refuser. MPCC correspond à des valeurs qui ont toujours été les miennes… avant même que le mouvement n’existe !
Cette section « agents sportifs », c’est comme une feuille de route…
Ca sert de guide. C’est un engagement. Comme dans tous les collèges, il faut des engagements. Il ne faut pas que l’adhésion serve à « faire joli ». Il faut obligatoirement qu’elle s’accompagne de devoirs. Et il faut que l’action au quotidien soit en cohérence avec ces engagements. L’antidopage, ce n’est pas seulement des feuilles et des signatures.
Quel est l’engagement premier que prennent les agents qui deviennent ou deviendront membres de MPCC ?
Ne pas offrir ses services à un coureur qui a un passé chargé, au sens propre comme au sens figuré. Et donc ne pas faire la promotion de ces coureurs… C’est un engagement qui est transversal avec celui des équipes. Il faut que toutes les parties prenantes soient mobilisées, qu’elles s’unissent autour de mêmes objectifs pour que l’étau se resserre. On n’obtiendra jamais le dopage zéro mais on peut y tendre et étouffer les gens qui cherchent à travailler de la mauvaise manière. Ainsi, à mon échelle, je m’astreins à des obligations y compris dans mes démarches de pré-recrutement. Il est hors de question pour moi de proposer à une équipe un coureur au passé chargé, et donc de travailler pour quelqu’un dont le comportement a été déviant. Si les agents ne font pas la promotion de ces coureurs, ça devient très compliqué pour eux.
Peut-on donc parler de démarche responsable ?
Dans ma conception du rôle d’agent, il y a aussi un accompagnement au quotidien qui intègre prévention et conseil. Par exemple, j’ai acquis grâce à mon expérience au sein d’équipes professionnelles une bonne connaissance du système Adams, ainsi le coureur peut m’appeler pour me poser une question, et je suis en mesure de lui apporter de précieuses informations. Je pense que cela fait partie du rôle d’un agent : l’idée est d’apporter au coureur le maximum de conseils dans le maximum de domaines, et cela intègre la prévention, ce qui s’inscrit parfaitement dans l’esprit de MPCC.
Un coureur qui travaille avec un agent membre de MPCC peut-il être considéré, par conséquent, lui aussi tenu par les engagements du MPCC ?
Quelque part, oui. Quand un agent travaille avec un coureur, il signe un contrat de mandat. Le coureur mandate l’agent pour qu’il soit officiellement son représentant. Pour ce qui me concerne, mes contrats de mandat sont clairs et sans équivoque sur les devoirs à respecter par le coureur, et notamment en matière de préservation de la santé et de lutte antidopage.
L’idée maintenant, c’est que le maximum d’agents adhèrent à MPCC.
Il fut un temps où MPCC était isolé sur la scène cycliste internationale. Maintenant le balancier se renverse. Avant, on pouvait sourire de la naïveté du combat de MPCC, mais aujourd’hui, il est manifeste que ce sont les tricheurs qui sont isolés grâce à cette démarche de regroupement. Les gens qui luttent contre le dopage sont largement majoritaires dans le cyclisme d’aujourd’hui et il faut que tous les acteurs se regroupent, qu’ils soient dirigeants d’équipes, sponsors, organisateurs, fédérations, ou désormais agents sportifs.