Alors que les procédures de dopage révélées sont plus nombreuses cette année, le cyclisme est à ce jour épargné par cette hausse. Au sein des équipes professionnelles sur route, les cas de dopage sont même inexistants en ce premier semestre. Du jamais vu depuis 9 ans que nous scrutons ces chiffres.
La lutte antidopage semble partie sur les chapeaux de roue cette année ! En moyenne depuis le début de l’année, près de 50 révélations par mois ont été rendues publiques, alors que ces dernières années, nous étions plutôt autour de 35 révélations par mois.
II n’y a pourtant pas de nouveauté concernant les sports les plus touchés au cours des 5 premiers mois de l’année : l’athlétisme, devance l’haltérophilie et le baseball (en dépit d’un début de saison retardé et d’une reprise des contrôles seulement début avril). La Russie reste (de loin !) le pays le plus souvent pointé du doigt devant les Etats-Unis et l’Italie.
Comment expliquer cette augmentation des cas ?
Avec la baisse d’intensité de la pandémie, et les échéances olympiques (JO Tokyo puis Pékin), le rythme des contrôles s’est sensiblement accru en 2021 et 2022. Il existe toujours un décalage dans le temps entre le prélèvement des échantillons et la révélation des cas de dopage.
Mais c’est de Russie que le regain des suspensions a été le plus spectaculaire. Une nation sportive largement discréditée depuis 2016 par les révélations de Grigory Rodchenkov, ancien directeur du laboratoire de Moscou, qui avait conduit le CIO à suspendre la Russie lors des JO en 2018, 2020 et 2022. Aujourd’hui, pour regagner la confiance perdue, l’agence antidopage Rusada fait preuve d’un certain zèle. Ces 5 derniers mois, elle a suspendu quatre médecins pour fraude en athlétisme, mais aussi des entraineurs dans le monde du bodybuilding et de la force athlétique.
Dans le même temps, sous la conduite de l’AMA, les réanalyses d’échantillons suspects datant des années 2008-2015 et concernant des sportifs russes se poursuivent. Dix-huit nouvelles procédures ont débouché sur des sanctions en haltérophilie (9 cas), athlétisme (4), lutte (3) et natation (3).
La situation dans le cyclisme
En se limitant aux sportifs de haut-niveau, ce début d’année n’a révélé, chez les cyclistes, que trois nouvelles procédures et une seule sanction prononcée :
- Aigul Gareeva (RUS). L’ancienne championne d’Europe Junior, agée de 21 ans, a été suspendue provisoirement pour un troisième défaut de localisation sur la plate-forme ADAMS.
Source : agence de presse TASS, le 18/01/22. - Toon Aerts (BEL). Le double vainqueur de la Coupe du Monde de Cyclo-cross a fait l’objet d’un contrôle hors-compétition positif au lezotrole, une substance généralement utilisée pour soigner le cancer du sein (!), présente sur la liste des produits interdits par l’AMA en raison de ses effets masquant. Le Belge de l’équipe de Cyclo-cross Baloise-Trek-Lions a été suspendu provisoirement.
Source : lui-même, le 15/02/2022. - Danilo Hondo (GER). Retiré de la compétition depuis fin 2014, l’ancien sprinteur allemand a fait l’objet d’une sanction de 5 ans de suspension prononcée par la Chambre pénale de Munich, après ses aveux dans le cadre de l’enquête judiciaire Aderlass impliquant des sportifs de plusieurs disciplines (cyclisme, ski nordique, triathlon et football américain).
Source : Swiss Olympic, le 13/05/2022. - Samandar Sultanov (UZB). Agé de 17 ans, Il a été suspendu provisoirement après un contrôle positif réalisé fin mars, lors du Championnat d’Asie Jr. sur route, qu’il venait de remporter au Tadjikistan. Ce contrôle a révélé la présence dans ses urines de méthastérone, un stéroïde anabolisant qui n’a jamais été commercialisé à des fins médicales.
Source : UCI, le 30/05/2022.
Aucun(e) cycliste concerné(e)s n’appartient à une équipe professionnelle sur route (une situation inédite depuis l’affaire Festina !).
Le MPCC avait eu l’occasion de préciser dans son bilan 2021 que, pour la première fois depuis la création du World Tour en 2005, aucune procédure pour dopage n’avait impliqué une équipe de cette division mondiale. Quant au dernier cas avéré sur le Tour de France, il n’est pas inutile de rappeler qu’il remonte à 2015.
Cette baisse continue du nombre de procédures pour dopage a débuté en 2020. Mais la tendance est nettement plus sensible chez les routiers professionnels. Ces dernières années, seuls les cas présumés chez les femmes ont augmenté. On en dénombre six par an depuis 2019 (contre un ou deux cas annuels auparavant). L’augmentation du nombre d’équipes et de compétitions qui accompagne la professionnalisation du peloton féminin n’est probablement pas étrangère à cette hausse.
Les instances du cyclisme comme l’UCI et l’ITA, (International Testing Agency), l’agence antidopage indépendante, mandatée par l’UCI depuis janvier 2021, restent prudentes. « Si nous ne constatons pas de violation des règles antidopage, cela ne signifie pas que le dopage a disparu, cela signifie simplement que personne n’a été testé positif », constate Nicholas Raudenski, responsable du renseignement et des enquêtes de l’ITA.
Fort du même constat, le MPCC rappelle qu’il soutient sans réserve les préconisations de l’ITA, détaillées ce mois-ci, pour renforcer les moyens d’une lutte efficace contre les tricheurs.