Dix-neuf procédures concernant différentes disciplines du cyclisme ont été révélées cet été, contre seulement quatre cas, lors des cinq premiers mois de l’année. Explications.
Le chiffre peut surprendre. En réalité, un seul cas a suscité un vif intérêt médiatique, celui de Nairo Quintana (Arkéa-Samsic). Même si, au sens stricte du terme, les faits ne constituent pas un cas de dopage, c’est bien pour l’usage d’un produit interdit que le coureur colombien a été désigné coupable par l’UCI.
Un usage que le principal intéressé a contesté mercredi 12 octobre à Lausanne, devant le Tribunal Arbitral du Sport, lequel a mis en délibéré sa décision. Si le TAS confirme ce contrôle positif du coureur colombien, il s’agira de la toute première sanction appliquée par l’UCI pour usage du Tramadol (Quintana a été disqualifié de sa 6ème place sur le dernier Tour de France). Cette substance, dont l’usage est interdit depuis 2019 par l’UCI, l’est depuis plus longtemps encore par le MPCC (dont l’équipe Arkéa-Samsic est membre depuis sa création).
Dès 2012, notre mouvement avait prohibé le Tramadol au sein de ses équipes membres. Il est maintenant admis par toutes les instances que cet antalgique de niveau 2 provoque des vertiges affectant la vigilance en course et la sécurité des coureurs. Selon nos médecins d’équipe, ce médicament puissant fausse également la perception de la douleur, donc améliore la performance et impacte à terme la santé de l’athlète. Dix ans après notre demande de mettre le Tramadol sur la liste des produits interdits l’AMA a décidé son interdiction à compter du 1er janvier… 2024 !
Le Portugal et l’Italie, face à leurs démons
L’été a encore apporté la démonstration que les enquêtes judiciaires sont à ce jour plus efficaces que la lutte antidopage pour faire tomber des réseaux organisés. Un exemple révélateur a été apporté, au Portugal, avec l’opération « Prova Limpa » qui a abouti à l’interpellation et la suspension d’une dizaine de coureurs et de membre d’encadrement au mois de juillet, tous issus de l’équipe continentale W52 – FC Porto. Ces dernières années, le MPCC n’a eu de cesse de rappeler qu’il faut toujours rester vigilant face à la menace d’un dopage organisé au sein des équipes. Dans le cas de cette formation, sept coureurs (plus de la moitié de l’effectif), à ce jour, ont été sanctionnés par l’agence portugaise antidopage (ADOP) et l’équipe dans son ensemble s’est vue retirer sa licence par l’UCI, quelques jours avant le départ du Tour du Portugal.
En Italie aussi, la lutte antidopage demeure très intense, avec des résultats qui nous interpellent. En se limitant aux sportifs de haut niveau ou professionnels, on dénombre déjà cette année 32 procédures (tous sports confondus).
Concernant les cyclistes italiens, il faut d’ailleurs signaler que l’agence antidopage italienne (NADO) a également suspendu une douzaine de cyclistes amateurs, la plupart pour usage de produits dopant lourds (EPO notamment). Paradoxalement, ce n’est pas le cas des deux coureurs cyclistes professionnels italiens figurant sur notre graphique. Vincenzo Russo (Qhubeka) se serait soustrait à un contrôle antidopage. Son compatriote Michele Gazzoli (Astana Qazaqstan) a lui aussi été suspendu, reconnaissant avoir utilisé « un médicament appelé Rhinofluimucil (un spray nasal pour le traitement de la rhinite). Même si l’UCI a précisé qu’il s’agissait d’une violation non intentionnelle du règlement antidopage, le coureur a été licencié par la formation Kazakh.
Cela faisait deux ans que l’on avait plus vu un coureur suspendu au sein d’une équipe évoluant en World Tour.
Dernière mise à jour : 19/10/2022