L’équipe italienne détient le plus grand nombre de cas de dopage sur la décennie écoulée. Elle espère bien honorer l’invitation qui lui est faite pour le prochain Giro, en dépit d’un nouveau scandale, le deuxième en moins d’un an.Le MPCC dénonce ici une atteinte grave à l’image du cyclisme.


Quels que soient les moyens sur lesquels peut s’appuyer la lutte antidopage, il y aura toujours des coureurs qui feront le choix de tricher. Ce simple constat ne représente pas forcément une menace pour la crédibilité du cyclisme. En revanche, quand des cas se répètent, des années durant, au sein d’une même équipe, et que les institutions se montrent impuissantes à rompre ce cycle, c’est un coup rude porté à l’image de notre sport.

Un exemple frappant nous est livré cette semaine par l’équipe Vini Zabù, dont l’un des coureurs a été suspendu provisoirement par l’UCI pour dopage présumé (EPO). Bien-sûr, dans le cadre de la procédure entamée, il faut rester prudent en attendant le résultat de la contre-expertise, si elle est réclamée par le coureur. Mais les précédents n’incitent guère à l’optimisme. Le dernier cas en date remontant à moins d’un an.

Cette équipe italienne, apparue dans les pelotons en 2009, totalise désormais neuf procédures en douze ans. Les substances incriminées sont à chaque fois des produits lourds et bien connus (5 cas d’EPO, 2 cas d’hormone de croissance, 1 cas de Clenbuterol, 1 cas pour de l’Ostarine).

Le MPCC se souvient que l’équipe Vini Zabù avait momentanément adhéré à son mouvement en 2014. Mais peu après, en dépit de deux procédures ouvertes en moins d’un an (déjà !), pour des cas dopage finalement avérés, elle n’avait pas jugé opportun de respecter les engagements pris et auxquels se soumettent tous nos membres. Nous l’avions donc immédiatement suspendue, puis exclue du mouvement lors de l’Assemblée Générale en octobre 2015.

Dès sa création en 2007, le MPCC avait instauré le principe que l’on qualifie aujourd’hui d’« introspection volontaire », lorsqu’une équipe est confrontée à plusieurs cas présumés de dopage dans une courte période. 14 ans plus tard, la règle n’a pas changé : les équipes membres s’engagent à suspendre l’activité de tous leurs coureurs sur une durée de 8 jours ou 1 mois, qu’il s’agisse respectivement du 2e cas en 12 mois, ou du 3e cas en 24 mois.

Ce parti pris du MPCC a même fini, en 2016, par convaincre l’UCI de durcir ses propres règles[1] en prévoyant dans son règlement antidopage l’ouverture d’une procédure pouvant conduire à la suspension de l’équipe de 15 à 45 jours, lorsque deux cas surviennent au cours d’une période de 12 mois.

Le risque pour l’équipe italienne de ne pas pouvoir participer au Giro d’Italia, pour lequel elle est à nouveau invitée, est donc techniquement réel, si l’UCI l’estime justifié. Depuis 2009, cette équipe est dirigée par les mêmes personnes, Angelo Citracca et Luca Scinto, qui étaient donc en fonction à chacune des neuf procédures qui ont touché la formation italienne, continuant de bénéficier de la confiance de certains organisateurs.

Ce dernier cas constitue un élément supplémentaire pour appuyer nos propos tenus lors de notre Assemblée Générale, le 2 mars dernier ; notre mouvement s’étonnant que le Giro d’Italia offre une invitation « à une équipe ayant subi un contrôle positif lors de la dernière édition ». Sur les neuf procédures impliquant des coureurs de l’équipe Vini Zabù, quatre étaient en rapport direct avec la période du Giro, lequel bien peu rancunier a persisté à les inviter durant onze des treize dernières éditions.

Le MPCC réagit vivement aujourd’hui, car les membres de son Conseil d’Administration jugent opportun de défendre l’intégrité de nos membres (équipes et coureurs), dans leur choix volontaire de restaurer l’image du cyclisme en s’imposant des règles plus contraignantes. Notre mouvement déplore amèrement que le groupe RCS s’obstine, à ce jour, à en faire toujours si peu de cas, mais aussi à ne pas donner d’explications sur leurs choix. Nous espérons que face à cette énième procédure antidopage, RCS Sport saura prendre ses responsabilités à l’avenir, même si l’organisateur italien avait déjà, après le Giro d’Italia 2020, tous les éléments en main pour le faire.

Pour toutes ces raisons, le MPCC appelle les organisateurs, les équipes et les coureurs à adhérer à notre mouvement.

[1] Article 7.12.1 du Règlement Antidopage de l’UCI